Face à la menace croissante de la désertification médicale, l’Assurance maladie passe à l’offensive avec une nouvelle approche tarifaire. Après des pourparlers pour le moins houleux avec les professionnels de santé libéraux, elle propose en effet des ajustements tarifaires pour endiguer l’exode des professionnels de santé. En témoigne l’accord récent avec les masseurs-kinésithérapeutes, où l’inflation a été maîtrisée avec une augmentation de 3 %. Cette nouvelle entente vise principalement à limiter l’installation de ces professionnels dans des régions déjà bien pourvues en services médicaux. Ainsi, l’Assurance maladie étend la règle « Un départ pour une installation », couvrant désormais une zone représentant 30 % de la population française, contre 12,5 % précédemment. En parallèle, pour pallier le manque de soignants dans les zones en déficit, les aides à l’installation et au maintien vont être renforcées, englobant 15 % de la population. Le point sur le sujet avec Astrid Bonavita !
Un renfort financier pour les sages-femmes et les infirmiers
Face à un système de santé de plus en plus sous tension, l’Assurance maladie a décidé de revaloriser les professions médicales afin d’encourager leur implication dans la prise en charge des patients. Récemment, un accord tarifaire avec les deux principaux syndicats de sages-femmes a été conclu, en vertu duquel les sages-femmes libérales qui viennent en renfort des hôpitaux débordés seront éligibles à une aide financière. Dans le détail, ces professionnelles peuvent bénéficier d’une subvention annuelle pouvant atteindre 2 000 € lorsqu’elles exercent une partie de leur activité dans un établissement de santé. De plus, une consultation sollicitée via le Service d’accès aux soins (connu sous le nom de « nouveau 15 ») sera désormais majorée de 15 €, s’alignant ainsi sur le tarif proposé aux médecins.
Les infirmiers ne sont pas en reste : suite à un accord signé le 16 juin avec deux syndicats représentant les infirmiers libéraux, le Bilan de soins infirmiers (BSI) sera désormais accessible aux patients de moins de 85 ans. Cet élargissement du dispositif, comme l’a relevé l’Assurance maladie, « reconnaît le rôle essentiel des infirmiers libéraux dans la prise en charge des patients dépendants à domicile ». De plus, pour encourager l’évolution professionnelle des infirmiers, une aide de 15 000 € sera allouée à ceux qui s’engagent dans deux années d’études supplémentaires pour obtenir le statut d’infirmiers en pratique avancée. Objectif : les habiliter à réaliser de nouvelles interventions de soins, élargissant ainsi leur champ d’action et renforçant l’offre de soins sur le territoire.
Le dossier des médecins toujours en suspens pour l’Assurance maladie
Alors que l’Assurance maladie met en place des mesures pour de nombreux professionnels de la santé, la situation des médecins demeure une épine dans le pied de l’institution. Récemment, au cours de négociations conventionnelles majeures, une proposition avait été faite pour rehausser le tarif des consultations de 25 € à 30 €. Mais cette augmentation venait avec des conditions : les médecins devaient s’engager à renforcer leur disponibilité pour les patients, que ce soit en embauchant une assistante médicale, en acceptant de travailler les samedis matin, en effectuant des gardes nocturnes ou en s’installant dans une zone marquée par une carence médicale.
Cela dit, face à l’opposition unanime des syndicats, cette offre ambitieuse, évaluée à 1,5 milliard d’euros, a été mise de côté par l’Assurance maladie. En conséquence, dès le 1er septembre, un texte moins avantageux entrera en vigueur : la revalorisation de la consultation ne sera que de 1,50 €, fixant son nouveau coût à 26,50 €, sans autres conditions attachées. Mais la porte n’est pas complètement fermée… Thomas Fatôme, le directeur général de l’Assurance maladie, a manifesté sa volonté de renouer le dialogue avec les syndicats de médecins, en reconnaissant publiquement, dans une interview accordée aux « Échos », une possible sous-estimation du mécontentement des médecins, exprimant son désir de reprendre les discussions, mais en excluant de reprendre les propositions formulées précédemment.